dimanche 19 avril 2015

PIAF 2015



2015, ANNEE DES RECOMPOSITIONS ?


Les manifestations syndicales du 9 avril ont été un succès. Tant en nombre qu’en combativité. Est-ce le signe d’un réveil social ? Il est trop tôt pour le dire, il faudra notamment attendre les prochains rendez-vous que se fixe l’intersyndicale dont celui du 1er mai. Mais une brise printanière souffle incontestablement. Elle renvoie aux succès numériques de plusieurs meetings récents : celui du 19 janvier en solidarité avec Syriza à Japy (Paris 11) ou ceux soutenant les listes de rassemblement de la gauche d’opposition pendant la campagne des départementales. Elle fait également écho aux résultats encourageants, en tous cas meilleurs que prévus, de cette même gauche d’opposition aux départementales.  C’est au moins le signe que les forces de résistance existent toujours dans le pays et qu’elles constituent un socle sur lequel on peut espérer bâtir. En soi la nouvelle est déjà bonne à prendre, ne serait-ce que pour le moral militant.
Cette France qui résiste perturbe déjà le tripartisme que l’on veut nous imposer en vue de 2017. Jean-Christophe Cambadélis l’a bien compris. Il dit refuser un PS minoritaire dans une gauche « Mélenchonisée ». Il va même jusqu’à recopier dans sa motion de congrès nos mots et nos concepts: « nouvelle alliance populaire », « écosocialisme », « implication citoyenne », « chantiers de la citoyenneté active », « dépassement du PS » comme nous parlons de « dépassement du FdG »… Le hasard n’y est évidemment pour rien. Ce « marquage à la culotte » de Cambadélis consiste à enrober d’un vocabulaire de gauche une politique purement sociale-libérale. Guy Mollet savait y faire en son temps. Le premier secrétaire a un objectif : justement conserver au PS sa centralité et à son candidat à la présidentielle les bénéfices du vote utile au 1er tour. Toute l’astuce consiste à faire mine de recomposer largement la gauche sans toucher à la centralité de son parti et à son paradigme social-libéral. Et au passage, minoriser un peu plus son aile gauche maintenant qu’il a enrôlé Martine Aubry dans la motion majoritaire.  
Mais comme on ne peut dénier à Jean-Christophe Cambadélis un certain flair politique, même s’il est désormais dévoué à l’économie de marché, cela renvoie à une réalité : un spectre hante bien la vie politique française, celui d’une recomposition en cours. L’année 2015 pourrait même voir son accélération. Du côté du PS et de l’exécutif on en comprend l’objectif : au nom du vote utile contre la droite et l’extrême droite, c’est toujours d’occuper l’espace politique « à gauche ». Mais une gauche qui aurait plus à voir avec un parti « démocrate » à l’américaine qu’une union de la gauche classique, même si le vocabulaire utilisé donne le change. Et ça tombe bien, puisque la mue de l’UMP en parti « républicain » complète le tableau d’ensemble. La droite, en effet, tourne manifestement le regard de l’autre côté de l’Atlantique pour ce qui est du modèle. Il y a quelques années, on aurait parlé d’accélération vers le bipartisme. Libéraux de droite et de gauche en rêvent toujours. Et le FN ? On n’a peut-être pas assez prêté attention à la « charte d’engagement politique » proposée par Marine Le Pen en vue d’éventuels accords pour le 3ème tour des départementales. Est-il imaginable qu’un FN, en position de force, réédite les mêmes propositions vis à vis de la droite pour des majorités régionales ? Avec cette fois plus de succès, tant la perspective de diriger les grandes régions va être autrement plus tentante que pour un simple département ? La discorde entre Marine Le Pen et son père, qui a permis aux médias de nous survendre encore la dédiabolisation du FN, prendrait alors tout son sens. 
Une chose est sure : ce que craint Cambadélis n’est pas une feinte. Il sait que « notre » gauche n’est pas effacée du paysage et des recompositions en cours. C’est essentiel. C’est même la leçon principale de ce printemps. Mais il y a des conditions : qu’elle soit audacieuse et qu’elle ne prépare pas la suite, dont les régionales, en restant sur le même braquet. Les élections départementales ont montré qu’elle, et notamment le FdG, était toujours là. Et même en meilleure santé dès lors qu’elle était justement en passe de concrétiser une « nouvelle alliance populaire », même partielle, notamment avec EELV. Les mobilisations du 9 ont montré qu’il y a du répondant populaire contre l’austérité. Dans ce cadre, le FdG a un rôle essentiel à jouer s’il est capable de mettre en place les outils de son propre dépassement, qui ne signifie pas pour autant son effacement ni celui des partis qui le composent. Soit - l’autonomie vis à vis des forces gouvernementales étant le préalable - de travailler à un rassemblement le plus large possible de la gauche d’opposition, à doter le rassemblement citoyen à faire émerger d’une lisibilité nationale lors des régionales et la volonté, justement, de l’adosser à une véritable démarche citoyenne qui passe par des assemblées représentatives de tous ceux et toutes celles voulant s’y engager au plan national comme régional et départemental. C’est ce que propose le PG à ses partenaires, c’est à quoi, sans attendre, nous voulons contribuer partout sur le territoire dans les semaines à venir.
On ne pourra conclure sans évoquer la gravité du projet de loi sur le renseignement que s’apprête à adopter l’Assemblée nationale. Il semble, en élargissant les prérogatives de renseignements aux gardiens de prison ou en imposant des « boites noires » aux opérateurs télécoms, aux hébergeurs et aux grandes plateformes internet, qu’une majorité de députés PS, alliés à l’UMP, veuillent durcir encore cet « autoritaire act » à la française. Cette évolution de ceux, les mêmes, qui ont adopté la Loi Macron en première lecture, confirme que dans une société austéritaire, les libéraux se doublent vite de liberticides. Sur ce terrain aussi la résistance est toujours plus de mise.
Eric Coquerel
SN à la coordination politique

Résolution politique adoptée par le CN du parti de gauche des 4-5 avril 2015



Les départementales ont vu une victoire incontestable de la droite. Le FN a élargi et poursuivi son enracinement dans le pays. Le PS subit, après les Municipales, les Européennes et les Sénatoriales, une 4ème défaite d’affilée. Plus que jamais les forces qui appuient le gouvernement sont minoritaires dans le pays.
Cette situation entre en résonnance avec une progression partout en Europe des courants d’extrême droite qui profitent à plein du rejet par les peuples des politiques austéritaires qui détruisent nos sociétés.
L’abstention reste l’élément politique premier de la période. Surtout si l’on y ajoute le nombre particulièrement important de bulletins blancs ou nuls : 1,6 millions au second tour soit plus de 8% des votants. Il y a là la confirmation d’un rejet du système inédit. Plus que jamais, il justifie notre bataille en faveur de la 6ème République et de la proportionnelle.
La politique du gouvernement est cause principale de ce résultat même si, à force d’avoir recyclé une partie du programme du FN et d’avoir ainsi contribué à le banaliser, la droite a permis également la progression de l’extrême-droite.
Lors de ces élections, et plus encore depuis, le système politico-médiatique a en effet voulu imposer le tripartisme. L’ensemble de forces se réclament de la gauche serait sommé de s’aligner derrière le PS au nom du vote utile afin d’arriver au 2ème tour des élections, avec les Présidentielles en ligne de mire. Il s’agit d’une manipulation politicienne puisque le PS sait bien qu’il est impossible d’unir ces forces derrière la, politique de son gouvernement qui applique une politique de droite.
Même en chiffre le tripartisme est fictif. C’est avant tout l’exécutif et le PS qui subissent une défaite historique. « Notre » Gauche, elle, a résisté.
Grâce à un tripatouillage du ministère de l’intérieur, le résultat de l’autre gauche a en effet été minoré au 1er tour. En réalité là où au moins un candidat FDG se présentait, dont dans 25 % des cas, en alliance avec au moins EELV, l’autre gauche atteint 9,4 % des voix et mieux encore plus de 11 % sur les cantons où l’opposition de gauche avait des candidats. C’est une confirmation de la disponibilité intacte d’un électorat de cet ordre, au démarrage, pour un candidat capable d’unifier l’autre gauche au 1er tour de la Présidentielle. Le second tour a confirmé cette tendance. En effet, on enregistre des victoires dans les ¾ des circonscriptions où des candidats du FDG étaient engagés. Le PS lui en perd la moitié.
Par ailleurs en Ile de France, les deux départements qui ont échappé à la droite ont vu le FDG en autonomie partout au 1er tour : le Val de Marne remporté par le FDG, à l’encontre des annonces de défaite, et la Seine-St-Denis. A l’inverse, l’Essonne où le FDG n’a pas pu s’entendre sur cette stratégie (le PCF a choisi l’alliance avec le PS et EELV au 1er tour) est largement remporté par la droite. Voilà une réponse concrète aux dirigeants du PS qui nous intiment l’ordre de nous ranger derrière leur bannière au 1er tour des élections pour des questions d’efficacité.
Nous nous sommes aussi affirmés comme un rempart très efficace à gauche contre le FN : là où nos candidats étaient en autonomie dès le 1er tour, ils remportent 32 duels contre lui pour 1 seul de perdu !
Beaucoup de ces duels ont eu lieu dans des départements ou tout au moins dans des cantons populaires. Nos candidats constituent ici le barrage le plus efficace contre le FN.
A noter enfin que nos candidat-e-s, qu’ils soient en rassemblement avec EELV comme à Grenoble (dans deux cas sur quatre) où seulement FDG, gagnent sept duels sur 13 face au PS. C’est là aussi un fait nouveau pour « notre gauche » : comme lors des Municipales à Grenoble, dès lors que nos listes sont en capacité de l’emporter au 2ème tour face au PS, elles voient arriver un grand nombre d’électeurs qui concrétisent voir amplifient la victoire.
En vue des Régionales :
Dans un contexte globalement mauvais, il y a des raisons d’espérer pour la suite et des éléments pour rebâtir.
Dans sa déclaration pour les départementales adoptée en décembre, le FDG avait proposé une stratégie nationale d’autonomie au 1er tour. Celle-ci s’est quasiment partout appliquée. C’est la première raison de ce rebond. Il avait ensuite souhaité l’élargissement du rassemblement. Là encore le grand nombre de cantons qui nous ont vu avec EELV, nouvelle Donne etc… a démontré son potentiel.
Sur les 448 cantons qui ont vu de tels rassemblements, il enregistre un résultat moyen de 13, 6%. Un résultat d’autant plus intéressant qu’obtenu sans aucune visibilité ni identifiant national. Cela a évidemment affaibli son impact dans une élection où les critères nationaux ont pris le pas sur tout autre. Pour preuve, ce résultat augmente dès lors qu’il y a eu une cohérence de liste sur tout un département - 17,67 % en Ariège, 16,72 % en Lozère, 16 % en Haute-Vienne par exemple – et plus encore sur une ville : 19,25 % à Lille, 19,6 % à Poitiers, 16,2 % à Tours, 15,83 % à Toulouse, 30 % à Grenoble. Cela confirme l’efficacité encore plus grande de cette association politique dans les centres urbains.
Mais tout cela restera vain si nous ne sommes pas capables d’aller plus loin.
Il faut désormais s’atteler à deux chantiers indispensables à tout rassemblement à l’avenir.
Le premier est celui d’une démarche citoyenne. Tous ces rassemblements doivent reposer sur de véritables assemblées citoyennes et de nouvelles pratiques militantes. C’est une méthode pour ramener à la politique une partie au moins de ceux qui la fuient. Ce qui a été tenté en ce sens dans ces élections a apporté un véritable plus en terme de résultat et de construction pour la suite. Et ce quelles qu’en aient été les modalités opérantes. Les militants du PG y porteront notamment la question de l’exemplarité et du non-cumul des mandats et y mettront en débat la révocabilité des élus.
Les démarches dites citoyennes ont fonctionné d’une manière nouvelle. Nos nouvelles expériences de terrain élargissent le champ de notre pratique. Le fait nouveau est que la démarche citoyenne peut-être aussi tout simplement le seul moyen de construire une force politique alternative là où les partis de l’autre gauche sont faibles. C’est ce que nous avons pu vérifier dans le Jura. Dans ce département pourtant difficile pour la gauche, où la présence des organisations politiques est faible, la moyenne sur les circonscriptions concernées par notre « offre citoyenne » est de 15,9 %. Mais le bonus est aussi évident partout où des démarches de type « majorité citoyenne », se sont appuyées sur des assemblées citoyennes souveraines. A Toulouse, Alternative Citoyenne obtient 15,87 de moyenne (malgré des listes concurrentes du PCF), et dans l’Aveyron 15,22 % sur 19 cantons. La méthode appliquée lorsqu’il s’agit d’un sortant permet aussi une consolidation remarquée. Ainsi à Rodez-Onet qui a vu notre CG sortant, M. Jean-Louis Roussel, au 2ème tour avec 23,86 % ou à Millau-1 avec un binôme de même type. De même, là où le FDG s’est engagé dans un tel processus depuis longtemps les résultats sont là. A l’exemple de la Creuse (point de départ de « Limousin Terre de Gauche ») avec une moyenne de 14,94 % dont une pointe à 28,8 % ou des Alpes-de-Haute-Provence où dans quatre circonscriptions les résultats culminent à 22, 28, 25, 26 % ! Cela a de nouveau fonctionné parfaitement à Grenoble, où l’articulation entre unité des partis et démarche citoyenne, exemplaire aux Municipales, a permis d’être au 2ème tour dans 3 des 4 cantons de la ville pour au final en remporter deux. Dans la Drôme, le même type de démarche a permis, par une alliance du FDG dans son ensemble et d’EELV, de qualifier ses binômes au 2ème tour à Dieulefit et dans le pays Diois. C’est un processus comparable qui explique les succès de Poitiers ou Lille où pourtant le rassemblement FDG / EELV n’était pas écrit à l’avance ou encore à Clichy-la-Garenne avec plus de 15% des voix. Au total, nous devons considérer que nous sommes en train de mettre au point une méthode nouvelle qui donne un contenu concret à l’idée de révolution citoyenne comme processus d’implication populaire.
Le second est sa lisibilité nationale que nous souhaitions dès les départementales. Dans une élection nationale nous en avons évidemment pâti.
C’est dans cet esprit que nous devons maintenant aborder les Régionales. Ce sont sur ces propositions de stratégie et de méthode que nous devons discuter avec toutes les forces qui ont été nos partenaires aux Départementales. Mais sans attendre, nous décidons d’animer des initiatives et appels citoyens localement. Nous devrons évidemment également vérifier la faisabilité d’un accord programmatique.
Nos tâches et calendriers pour les Régionales :
  • Dès ce mois d’avril, les comités, les coordinations départementales et régionales, contribuent à amplifier ou à initier localement des démarches d’implication citoyennes. Pour ce faire, un groupe de travail issu du pôle développement du parti et du pôle agit prop mettra à disposition des militants des propositions de formations pratiques, des mutualisations de démarche et d’expérience notamment initiées pendant les départementales.
  • Le PG lance localement des initiatives et appels citoyens en faveur de listes communes citoyennes aux régionales, indépendantes du PS.
  • Le PG poursuit nationalement et localement des discussions avec toutes les forces qui pourraient s’inscrire dans cette démarche autonome et citoyenne.
  • Avant la fin du printemps, le PG organise la consultation de ses militants par département et région pour désigner des chefs de file PG en binôme paritaire dans les départements et les régions. Ces chefs de file ont vocation à être mis à disposition des démarches citoyennes et des nouvelles alliances populaires. Les modalités et le calendrier seront élaborés par les coordinations régionales. Les candidatures définitives seront l’aboutissement du processus de co-construction des campagnes et du programme.
  • Un CN sera organisé fin mai sur les Régionales. Il permettra d’adopter notre programme et faire le point sur les démarches en cours. En fonction de ce premier bilan, le CN décidera des démarches qu’il conviendra de poursuivre en vue d’un rassemblement citoyen pour les régionales.
Mobilisation contre la Loi Macron
Dans l’immédiat, l’urgence est d’organiser la résistance contre la loi Macron qui n’a pas obtenu de majorité lors de son premier passage à l’assemblée nationale et a dû recourir au coup de force du 49-3. Le gouvernement Valls est affaibli par les départementales. Il faut donc en profiter pour imposer un rapport de force social et politique avant le vote final. C’est pourquoi le PG appelle à se mobiliser massivement le 9 avril derrière les syndicats lors de la première journée de grève interprofessionnelle depuis l’arrivée de François Hollande.

mardi 7 avril 2015

Contre l'austérité mobilisation générale ! (manifestation du 9 avril)


Déclaration de Jean-Michel Ruiz, Secrétaire départemental du PCF95, « Vite l’alternative pour ouvrir l’espoir ! »




Argenteuil, le 7 avril 2015


Le jeudi 9 avril, la CGT, FO, Solidaires et la FSU organisent une journée de grèves et de
manifestations unissant le public et le privé. Elle servira à dire stop aux politiques d’austérité
et de régression sociale qui s’amplifient, notamment avec la loi Macron : assouplissement
des règles du marché du travail, suppression des jours fériés, baisse du SMIC, libéralisation
de l’ouverture des commerces le dimanche et la nuit, remise en cause des Prud’hommes,
atteintes sur le logement, les transports, la santé…
Pourtant, pour la troisième fois, le gouvernement Hollande a subi une défaite électorale
cinglante. La droite extrême relève la tête, flanquée du FN. Celles et ceux qui ont voté
Hollande en 2012 s’en détournent massivement. C’est l’austérité qui domine, dictée par les
logiques financières. François Hollande a distribué des dizaines de milliards au patronat, en
pure perte. Le chômage ne cesse de grimper. Mais Valls et Hollande veulent continuer cette
politique désastreuse. Nous devons les en empêcher. S’ils n’écoutent pas le signal des
élections, ils doivent écouter le signal des mobilisations populaires.
Le PCF95 invite tous ses militants, et plus largement ceux qui veulent une autre politique
que l’austérité, à se retrouver dans les rassemblements, comme celui qui se tiendra à
Argenteuil le matin, puis dans la rue à Paris l’après-midi.
Les communistes et tout le Front de gauche appellent toutes les forces citoyennes, politiques
et sociales disponibles à la construction d'un mouvement de gauche alternatif ample et

populaire, à vocation majoritaire pour ouvrir à nouveau l'espoir.

mercredi 1 avril 2015

Après le second tour des élections départementales, déclaration d'"Ensemble".

Après une nouvelle défaite pour la politique gouvernementale, construire un nouveau rassemblement populaire, pour une alternative de gauche, sociale et écologique !
Les élections départementales marquent une troisième défaite, après les élections municipales et européennes, pour le Parti Socialiste et les orientations mises en œuvre par F. Hollande et M. Valls. Cette politique du gouvernement plonge le pays dans l’austérité et le chômage, sans rupture avec celle que la droite menait précédemment. En mettant en œuvre une politique ouvertement pro patronale et au service de la finance, le gouvernement porte l’entière responsabilité d’une démobilisation de l’électorat populaire de 2012. On aurait tort de voir dans le maintien de l’abstention à un haut niveau le reflet de l’indifférence ou de la passivité, mais plutôt une manifestation de colère devant un comportement qui utilise le suffrage universel pour bafouer ce qu’il revendique.
La droite profite de cette situation, et enregistre une nette victoire en regagnant la majorité des départements. Elle radicalise son discours et ses actes, elle cherchera à imposer demain encore plus d’austérité et de précarité. Il faudra résister à ces nouvelles régressions qu’elle engagera dans les départements.
Surtout, le Front National s’enracine sur tout le territoire et capte un quart de l’électorat, même s’il fait élire moins de candidat-e-s qu’il ne le prétendait et ne réussit pas  à gagner un seul département. Il constitue un danger mortel pour la société française. Son programme vise à détruire les conquêtes sociales et démocratiques réalisées par le peuple de ce pays. Il vise à diviser, à opposer les un-e-s aux autres, à jouer sur les peurs, le racisme, le sexisme et l’homophobie.  Son histoire, ses soutiens, et la politique qu’il mène là où il dirige des collectivités le montrent : ce n’est pas un parti démocratique et il pratique les mêmes politiques que la droite contre les solidarités et les protections sociales.
Une partie de l’électorat de gauche s’est mobilisé quand il fallait, au second tour, empêcher l’élection de candidats du Front National. Mais M. Valls aurait tort d’y voir un soutien à sa politique : cette mobilisation contient un niveau d’exigence qui pousse au contraire à une autre politique, à l'opposée de celle de Manuel Valls, qui affirme, droit dans ses bottes, qu’il ne changera rien. La poursuite de cette politique ne peut mener qu’à un désastre supplémentaire.
Les résultats du Front de gauche et de la gauche alternative se sont sensiblement améliorés, au premier comme au second tour : 9,3 % pour les candidat-e-s Front de Gauche et 13,8 % pour les candidat-e-s commun-e-s Front de Gauche/EELV dans 448 cantons, ainsi qu’une résistance face à la droite et au FN des candidat-e-s du Front de gauche plus solide que celle des candidat-e-s socialistes qui défendaient la politique gouvernementale. Ces résultats sont un point de départ à consolider ; iIs montrent que des forces sont disponibles quand le Front de gauche s’engage vers un rassemblement plus large pour proposer une alternative à cette politique de renoncement.
A l’issue de ces élections, des voix se sont exprimées, au sein même du Parti Socialiste, pour contester la politique du gouvernement. Les différent-e-s représentant-e-s du Front de gauche se sont exprimé-e-s pour appeler à une nouvelle alliance, une nouvelle coalition, un nouveau rassemblement, de toutes les forces qui, à gauche, proposent une alternative à la politique de ce gouvernement. Il s’agit désormais de travailler aux contenus d’un rassemblement entre Front de Gauche, EELV, Nouvelle Donne et socialistes refusant l’actuelle impasse de la politique gouvernementale…
C’est l’objectif des Chantiers d’Espoir, qui, dès le 11 avril, se mettent en place pour construire la nouvelle dynamique populaire dont nous avons besoin. Allant plus loin que le nécessaire accord entre les forces politiques concernées, ces Chantiers doivent prendre la forme d’une démarche citoyenne et militante, rassemblant des personnalités, des citoyen-ne-s engagé-e-s dans les associations et les syndicats, dans les collectifs de lutte et de résistance. Dans toutes les localités, les forces disponibles peuvent converger et impulser des assemblées citoyennes.
Pour barrer la route au retour d’une droite radicalisée et en alliance avec  l’extrême droite, il faut offrir un projet alternatif, une volonté d’innovation, un espoir de changement ; Et ce projet doit être en rupture avec la politique antisociale et les reculs écologiques et démocratiques du Président de la République et du Premier ministre. Cette alternative devra dégager des pistes cohérentes articulant des mesures concrètes avec un nouvel horizon, qui leur donne tout leur sens. Elle devra se nourrir des exigences issues du mouvement social, autour de grands axes répondant à l’urgence sociale et démocratique : faire sauter les verrous européens qui enferment dans l’austérité perpétuelle, augmenter les revenus et créer les emplois utiles sur le plan social et environnemental, instaurer un contrôle public sur la finance et ne pas laisser les actionnaires faire la loi, entreprendre enfin la transition écologique, engager la société vers une nouvelle étape d’égalité des droits et des solidarités, vers une profonde transformation des institutions pour plus de démocratie…
Il est possible et nécessaire de concrétiser ce nouveau rassemblement des forces de gauche et écologiste opposées à la politique de Valls, lors des prochaines élections régionales de la fin de l’année.
Dans l’immédiat, le rassemblement doit se faire entendre avec force en soutien aux actions engagées par les collectifs anti-austérité et les syndicats, notamment la journée de grève interprofessionnelle du 9 avril, contre la loi Macron. Cette loi est le meilleur exemple d’une politique qui préfère répondre aux attentes du Medef qu’aux exigences sociales de la population et en particulier des électeurs et des électrices de gauche, et qui provoque la catastrophe sociale et politique en cours. Il faut la mettre en échec, empêcher son adoption par la mobilisation sociale comme dans les votes aux assemblées. D’autant que quelques heures après la défaite de son parti, Manuel Valls a annoncé une aggravation supplémentaire des mesures qu’elle contient, en « déverrouillant les CDI » dans les PME et en assouplissant les règles qui autorisent la baisse des salaires ou l’augmentation des horaires de travail en échange d’un « non-licenciement » quand la situation de l’entreprise est « difficile »… Ce que la droite n’avait jamais osé, Macron et Valls le font.
C’est bien la nécessité et l’urgence d’une alternative de gauche que révèlent ces élections départementales, et c’est bien à la construction d’un nouveau rassemblement populaire qu’il faut s’atteler.
«  Ensemble ! », le mardi 31 mars 2015.